012 Texte ms JPF
L'orgue de Long (F/Somme) (1867)
En 1867, le conseil municipal de Long décidé l'acquisition d'un grand orgue. Le 6 novembre un contrat provisoire fut conclu avec Hippolyte Loret, toujours renseigné domicilié à Termonde. Ceci nous étonne car on sait qu'il était installé à Paris depuis 5 ans. Faut-il croire par là qu'il n'était à Paris que pour ses affaires, l'essentiel de son atelier étant resté à Termonde? Toujours est-il que Loret devait construire «un nouveau jeu d'orgue avec buffet et tribune». Le buffet à 3 tourelles devait être «dans le style gothique du XIIIe siècle»
[en rouge, au bas de la page: La Flûte Harmonique n° 55/56, 1990]
[p. 2]
Voici la composition de cet orgue qui était entièrement expressif, donc comme le Loret des Jésuites de la rue Vaugirard à Paris livré 5 ans plus tôt.
Grand-orgue (I) Récit (II)
56 touches (Do-sol5) Idem
P 16 Salicional 8
M 8 Fl. Harm. 8
B 8 V. cél (depuis do#3)
Flûte pyramidale 8 Fugerra [sic] 4
P 4 Flûte pyramidale 4
O 2 Basson 8 b – Hautbois 8 d
Flageolet (?) (depuis do#3) Clarinette 8 b+d
Quintadène 3
Trompette 8 b+d
Clairon 4 (entier)
Pédale accrochée
25 marches (Do-do3)
Pédales de combinaison
Accouplement des jeux du Récit au Grand-orgue
Appel des Trompettes
Appel du Clairon
Pédale d'expression ouvrant et fermant les jalousies
[p. 3]
Le contrat est riche en informations techniques.
La console serait à l'avant et en fenêtre. Les claviers seraient garnis d'ivoire, le pédalier serait garni de cuivre, – ce n'était donc pas une caractéristique exclusive des orgues de Pierre-Hubert Anneessens – et serait de forme allemande, c-à-d. concave. La mécanique des claviers et des registres serait en cuivre et en fer. Il y aurait 2 sommiers pour le Grand-orgue, avec doubles soupapes pour les basses; un seul sommier pour le Positif.
La soufflerie serait à réservoir et double pompe. Elle serait placée dans le soubassement même de l'orgue.
En ce qui concerne l'alliage pour les tuyaux, il serait moitié étain, moitié plomb neuf. Les sommiers du Grand-orgue et du Récit seraient pourvus d'un régulateur.
Pour les sommiers, le facteur devait utiliser le chêne; la façade serait en beau «bois (chêne de Russie sans nœuds ni gerçures ni aubier». Les côtés du buffet de même que les jalousies de la boîte expressive seraient en sapin du Nord.
[p. 4]
Ces jalousies seraient juste derrière la façade de tuyaux, postiches mais garnis en étain brillant poli.
Tous les jeux en général seraient construits et diapasonnés sur la grosse taille, et tous harmonisés selon les règles de l'art moderne, et accordés exactement.
On convient pour une somme de 25.000 F. L'ouvrage serait garanti 10 ans.
Il existait une clause limitative au contrat même: «Le présent traité ne sera définitif et ne pourra recevoir son effet qu'après avoir été approuvé par M. le Préfet».
[p. 5]
Celui-ci ne donna-t-il pas son accord? Loret faillit-il à ses engagements? On peut aussi le croire car la question de la construction de l'orgue ne revint à l'ordre du jour qu'en 1873. Toujours est-il que Loret n'eut jamais l'occasion de construire à Long.
Des avatars allaient encore surgir puisque le facteur Jean-Baptiste Gadault, de Rouen, signa bien un contrat le 1erseptembre 1875. La convention prévoyait un buffet neuf, ce qui autorise à croire que Loret n'avait jamais rien livré. Gadault renonça bientôt lui-même à son engagement. Finalement, c'est Cavaillé-Coll qui livra l'orgue de Long: l'instrument fut inauguré par Alexandre Guilmant à la fin de l'année 1877. Il a fait l'objet en 1989 d'une restauration par Laurent Plet, de Macey (Aube).